Mode féminine du Moyen Age. Noble anglaise. 13ème siècle.

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Noble anglaise.

Mode féminine du Moyen Age. 13ème siècle.

Noble anglaise.

LA figure suivante, copiée d’après une pierre sépulcrale d’une noble dame d’Angleterre, me fournit l’occasion de faire observer que si les nations anglaise et française différaient peu des peuples de l’Italie dans la forme de leurs vêtements, elles conservèrent toutefois une nuance bien prononcée dans le caractère national.

Celte diversité était occasionnée par l’extrême opposition de leurs formes de gouvernements. Les lois de la chevalerie étaient alors dans toute leur vigueur en Angleterre et surtout en France. L’amour de Dieu et des Dames, c’est-il-dire la religion et la galanterie , étaient les premiers éléments de l’éducation de la jeunesse.

Les lois de la chevalerie, qui défendaient de médire des dames, les obligeaient à mettre plus de décence dans leurs mœurs et leur conduite. Le chevalier de la Tour en fournit une preuve dans une instruction qu’il adressait à ses filles vers l’an 1371:

“Le temps de lors, dit-il, estoit en paix et demenoient festes et grant
» jouyeusetés, et toutes manières de chevaleries de Dames et Damoiselles
» se assemblaient là où ils sçavoient les festes qui estoient faictes mesme
» et souvent. Et là venoient par grands honneur les bons chevaliers de celluy
» temps. Mais s’il advenait par aucune advanture que Dame ne Damoiselle
» que eust mauvais renom, ne qui feust blasée de son honneur, se mist
» avec une bonne Dame ou Damoiselle de bonne renommée, combien
» qu’elle feust plus gentil femme, ou eust plus noble et plus riche mary,
» tantost ces bons chevaliers de leurs droits n’avaient point de honte de venir
» à elles devant tous, et de prendre Tes bonnes et les mettre au dessus des
» blasmées et leur disaient devant tous: Dame ne vous desplaise se ceste Dame
» ou Damoiselle va devant; car combien qu’elle ne soit pas si noble ou si riche
» comme vous: elle n’est point blasmée, ains est mise au compte des bonnes, et
» ainsi ne dit l’on pas de vous, dont il me desplaist, mais l’en fera honneur à
» qui la desseroy , et ne vous en mereveillez pas. Ainsi parlaient les bons cheva-
» lires et mettaient les bonnes et de boone renommée les premières, dont
» elles mercioient Dieu dans leur cueur de elles estre tenues nettement,
» par quo elles estoient honnorées et mises devant. Et les autres se pre-
» noient au nez et baissoient le visaige, et recevoient de grant vergongues.
» Et pour ce estoit bon exemple à toutes gentilz femmes, car pour la honte
» qu’elles oyoient dire des autres femmes, elles doubtoient et craignoient
» de faire mol à point. ….*

Le costume suivant est extrait de la tombe de lady Joyeuse Tiptoft, dans l’église d’Enfiler en Angleterre. Quoique cette dame soit morte dans l’année 1446, je n’ai pas craint de la faire figurer comme costume du quatorzième siècle, m’étant convaincu que les dames anglaises et françaises ont conservé pendant plus d’un siècle cette forme de vêtements.

Parmi les nombreuses répétitions que m’ont offertes divers monuments, je citerai surtout celle que j’ai trouvée dans les sculptures en bois qui ornent les stalles de la cathédrale de Lausanne; elles sont du quatorzième siècle. J’ai trouvé dans un ouvrage anglais la description des couleurs de ce costume.

La coiffure est rouge au-dessus de la couronne, les parties qui recouvrent les oreilles sont violettes et enrichies de perles, de pierres précieuses et d’une bordure d’or. Le voile est formé d’un léger tissu blanc. Le manteau est doublé et garni d’hermine; la partie droite est ornée d’un lion rouge sur fond jaune, l’autre de trois lions jaunes sur un fond rouge. II est retenu par un cordon d’or orné de perles et de glands en or. La robe est verte avec une garniture d’hermine, et la chaussure est jaune.

Les femmes des gentilshommes unissaient sur leurs manteaux ou surcots les armoiries de leurs époux avec celles de leur famille.

  • Sainte-Palaye , Mémoire II sur l’ancienne chavalerie. (Note 45.)

Source: Costumes historiques des XIIIe, XIVe et XVe siècles, extraits des monuments les plus authentiques de peinture et de sculpture, dessinés et gravés par P. Mercurj, avec un texte historique et descriptif par Camille Bonnard. Auteur/Edit:. Bonnard, Camille. Lieu de publication: Paris. Année: 1845 Editeur: Goupil et Vibert.

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