Robes. Les modes sous Louis XIV. L’Histoire du Costume Feminin.

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Robes. Les modes sous Louis XIV, 1643-1715

L’Histoire du Costume Feminin Francais. Les modes sous Louis XIV, 1643-1715. Robes. Planche 2.

ROBES.

  1. Duchesse d’Aumont (1685). Corsage lacé devant, garni dentelle au décolleté en carré. Tablier en broché rose framboise, robe et manches vert amande, large broderie tout autour, fouillis de dentelles aux manches.
  2. Femme de qualité sur un canapé rouge blanc argent, tissu vert, broderies jaune or.
  3. Duchesse de Valentinois. Robe tout en broché or et bleu, mantelet bordé de frange retombant sur la jupe et formant traine.
  4. Dame de qualité en habit d’espagnolette noir et violet.
  5. Marquise de Rochebaron (1694). Robe parme entourée d’une large broderie, relevée devant par ceinture formant drapé sur jupon de dentelle, corsage lacé devant, écharpe sur les épaules.
  6. Duchesse de Bourgogne (I705). Robe rose et jaune, traine rose et raies noires, ruban rose, corsage et manches, volant de dentelles blanches, coiffure du même tissu.

Étiquette somptuaire sous Louis XIV

Robes

EVOLUTION.

Au cours de cette période de la jeunesse de Louis XIV, nous voyons s’opérer un changement radical dans la mode féminine. Elle s’affine davantage au fur et à mesure que Louis XIV grandit, s’entoure de jolies femmes et se sépare de la tutelle de ses régents.
Ce n’est que vers la fin de son règne que nous le voyons devenir plus sévère pour les modes qui prennent alors un air d’austérité quand Mme de Maintenon préside aux destinées du trône et de la cour.

GARNITURES.

Les mots les plus charmants ‘du répertoire des modes ont été créés à cette époque pour désigner les garnitures: le galant, les menues bouffettes de soie, les échelles, les transparents, les falbalas, les pretintailles, les fanfreluches, etc., etc.

DENTELLES

L’allure générale de la toilette se modifie lentement. Robes et bonnets se couvrent de dentelles.
Si le corsage à pointe subsiste, les manches, moins ballonnées, sont remplacées par des manches de linon. qui laissent voir les bras par transparence. La dentelle triomphe, partout, sur tout et en tout.

JUPE

La première jupe retenue par des agrafes de joaillerie, enrichie de pierreries, soutenue par des nœuds chiffonnés se relevant de différents cotés comme des lambrequins, forme un effet de bouffant pour laisser admirer la robe de dessous.
Certains couturiers ont même inventé des robes à cordons de tirage qui peuvent se lever et s’abaisser à volonté.

OR

Le roi se réserve le tissu et les galons d’or et d’argent. Il fait cadeau de certains galons ou parements à des personnes de marque; il autorise certains personnages à se vêtir d’une sorte de jaquette telle qu’en portent encore les suisses des églises de nos jours, appelée justaucorps.
En 1675 se produit un événement capital dans l’histoire du costume. Les corporations avaient le privilège d’habiller la cour et la ville, mais les tailleurs seuls habillaient les femmes et non les couturiers. Or, le roi trouvant plus convenable, bienséant pour la pudeur féminine, que les femmes soient chargées d’habiller leur sexe et “d’essayer”, il accorda la maîtrise officielle aux femmes. Ainsi aux côtés du tailleur pour dames naquit la maîtresse couturière.
Louis XIV fit mieux, il créa même une étiquette, classant les étoffes par saison. En automne et au printemps on devait porter les draps légers, en hiver la ratine, le velours et même le satin. En été on ne devait porter que le taffetas.
Ces indications sont très précieuses par exemple pour les experts en tableaux qui de nos jours peuvent situer à quelques mois près la date d’un portrait. Si ce que l’on voit de la toilette est en taffetas, c’est en été que le tableau (il y a de grandes chances) a été peint; suivant la forme ou l’accessoire dominant, on peut situer la date de façon précise.
CRIARDE. – Pour donner du bouffant aux robes et éviter le baleinage, on se servait d’un tissu de grosse toile gommée que le plus léger contact faisait grincer et que l’on appelait la “criarde”.

REBRAS

La robe était tenue très décolletée. On y joignait pour la ville ou pour le “négligé” des fichus blancs ou mouchoirs de cou qui, faits pour remplacer la fraise, conduisirent au grand col rabattu ou grande pèlerine. Ce mouchoir de cou était en batiste ainsi que les larges manches en “rebras” (retroussés).
Plus tard on mit une garniture de dentelle, puis une guipure, puis on revient au point coupé. La dentelle devait atteindre son point culminant avec Marie-Antoinette.
En bas de la robe, une broderie en “bisette” de soie si chiche qu’au début qu’on la portait on l’avait appelée la “gueuse”.
Le vêtement était noir. Pour y donner un peu d’éclat on y jetait du jais et quelques perles vraies ou fausses. Un bijoutier du Temple ayant trouvé le moyen de colorer le cristal, on appela cela les “pierreries du Temple”. Cette garniture fit fureur.
En 1660, Marie-Thérèse d’Autriche porte le corsage très-décolleté, encolure garnie de linon ou de gaze ou scintille le grand collier de perles et de pierres. Tout le busc est chamarré.
La manche de la robe est courte mais large. La manche de lingerie est divisée en deux étages et se termine en manchettes presque au milieu de l’avant-bras et dessus des gants demi-longs ornés de nœuds de rubans. Ces rubans s’appellent aussi des faveurs, ils font le tour de la taille et recouvrent le haut de la jupe ou plutôt du manteau, car c’est ainsi que l’on appelle cette jupe retroussée qui se relève et s’abaisse à volonté, grâce à des cordons de tirage, comme un store.
La jupe-manteau est terminée par une queue très longue variant suivant la qualité des personnes.
Toutes les bordures sont ornées, par la suite, de nœuds de ruban.
Après le règne de la lingerie sous Louis XIII on peut dire que le début du règne de Louis XIV fut celui du ruban noir sur lequel les rubans sertis de bijoux étaient du plus bel effet. Bien entendu, les nœuds de ruban se mettaient à la chaussure. Citons pour mention seulement les falbalas et les pretintailles que nous avons décrites précédemment et que l’on brodait.
Louis XIV était vêtu d’ordinaire assez simplement: velours de couleur foncée, relevé d’une légère broderie avec un simple bouton d’or, veste de satin ou de drap rouge bleu ou vert et très brodée.
Vers 1697, malgré son âge et ses goûts d’austérité, il brilla d’un vif éclat au mariage du duc de Bourgogne. Quand vint la grande misère de 1708, l’or fut encore une fois défendu par un édit, dans le tissu et la broderie.
Le matin, dans leur chambre à coucher, les femmes portent une robe de chambre, un jupon et un corset, souvent un tablier.

CORSAGE

Le corsage à basques s’appelle la gourgandine; quand elles sont habillées, les femmes posent sur leur corsage des nœuds de brillants que l’on appelle un boute-en-train, ou un autre nœud que l’on nomme le tâtez-y. La grande mode est d’avoir des petits serviteurs nègres ou maures. Le peintre féminin d’alors (1667) est Van der Meulen, dont les tableaux se trouvent au Musée du Louvre; on y retrouve ces détails.
On peut dire que c’est la dernière partie du XVII siècle qui a déterminé et affiné les bases du costume moderne.
Les artisans organisent leurs maîtresses jurées et leur communauté.
En 1655 la corporation des pourpointiers est réunie à celle des maitres-marchands-tailleurs, ce qui semble prouver que les costumes se font d’une seule pièce.
Le bas de soie, auparavant rayé ou chiné, devient uni; les coutures d’assemblage du bas de la jambe étaient faites avec du fil d’or, les “baguettes” de côté également.

CORNETTE

Un fait certain, c’est que la coiffure haule et la robe longue donnaient un très grand aminci aux silhouettes des femmes; surtout l’élévation de la “cornette” sorte de petit chapeau dont nous parlerons plus loin, et dont Bonnart, peintre aimable de la mode du XVII· siècle, nous a laissé d’excellents modèles.

JUSTAUCORPS

Comme Sa Majesté donne l’autorisation écrite de porter cet habit, il prend le titre de justaucorps à brevet.
Cette période de luxe outrancier semble avoir donné à réfléchir à La Vallière. Elle sent l’abandon du roi, elle quitte la cour et se retire au cloître.
Rien n’est perdu pour Louis XIV, il trouve dans la famille des Mortemart plusieurs jeunes filles qui ne demandent chacune qu’à devenir la favorite, l’élue; et puis n’avait-il pas la chambre du fille; comme “réserve” inépuisable?
Un autre règne arrive, c’est celui de Mme de Montespan. Elle possède au plus haut degré la science des raffinements en matière d’élégance. Hautaine et autoritaire, souple et fascinatrice, Mme de Montespan prend une plus grande autorité sur le roi.
Ce temps passe et les modes changent subitement d’aspect par un juste retour des choses d’ici-bas.
Petites causes, grands effets. Mme de Montespan est enceinte du roi; elle s’en confie à Langlée, son couturier favori, et lui demande de lui faire des vêtements appropriés à son état.

INNOCENTES

Langlée est un homme adroit, il sauve la situation sous des robes très ballonnées aux hanches et au ventre que l’on appelle des battantes et aussi des innocenter, elles coupent tout à fait la ligne de la taille, l’arrondissent et dissimulent toute superfluité.
Jusqu’en 1680 c’est une suite ininterrompue de femmes élégantes sur lesquelles la faveur du roi se porte de temps à autre; toutes eurent une influence passagère sur les modes.
La dernière, dont le royal caprice dure jusqu’en 1680, c’est Mlle de Fontanges, et toutes adoptent ces délicieuses coiffures dites à la Fontanges.
Après les modes à la La Vallièr-e, à la Montespan, à la Fontanges, le roi s’assagit; ses regards se tournent vers Mme de Maintenon, lectrice, dame de compagnie de Mme de Montespan, qui a la noble charge d’élever les enfants extra-conjugaux.

LUXE

C’est le règne le plus fastueux que l’on puisse imaginer. Toutes les plus belles garnitures se trouvent amalgamées en un tout homogène; elles sont loin d’avoir l’allure criarde et souvent par trop rutilante de la Renaissance. Elles semblent, grâce au mariage des tons doux, heureux, recherchés, ne faire appel qu’à une gamme infinie de pastels tendres pour obtenir de la robe une œuvre d’art de bon aloi.
Du reste, les tableaux, gravures et dessins d’alors nous en conservent la vivante image; ils ne s’appellent plus enluminures, on les nomme estampes, et rien que dans ces deux mots différents il y a une nuance où la toilette d’alors a su se limiter. Ce n’est plus du bariolage, c’est de la composition; au XIX· siècle on dira de la “création”.

TRANSlTION

Après l’époque neutre et transitoire qui suit le règne de Henri IV d’où le costume Louis XIII s’est dégagé lentement, aidé par les édits de Richelieu, nous avons vu le luxe réapparaître par instants sous forme de frivolités coûteuses étalées sur la “lingerie” dominante.
La cour d’alors se ressent de l’état d’esprit de ses dirigeants: le ménage royal se compose d’une reine jeune et ardente, mais unie à un véritable saule pleureur qu’est Louis XIII. Elle passe son temps à ruser avec Richelieu, tandis que seules les grandes élégantes telles que Ninon de Lenclos, Marion Delorme, la duchesse de Chevreuse, pareilles à des beautés sidérales, gravitent autour de son trône et éclipsent la reine.
Ce sont elles les vraies dirigeantes de la mode, car l’intelligence, les lettres, le théâtre prennent leur essor sous leur égide.
La cour se promène du Louvre à Blois, de Blois à Chambord, construction grandiose, mais d’un séjour mélancolique.

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