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Les modes sous Louis XVI., 1774 to 1789.
L’histoire du costume féminin français. Les modes sous Louis XVI et Marie Antoinette 1774−1789. La Mode du Rococo. Élégantes – Planche 1.
Élégantes
- 1. Marie-Antoinette, robe du matin en taffetas rose, devant de jupe et de corsage vert d’eau, plissé de gaze au décolleté et nœud de ru ban rose.
- 2. Mme de Lamballe en caraco bleu, plissé de taffetas gorge de pigeon, bleu et violet (1779).
- 3. Rose Bertin, robe à panier en moire verte bouillonné de ruban orange sur le tablier de la jupe et le devant du corsage.
- 4. Redingote violette à manches à la marinière, coiffée d’un bonnet mauve à la grande prêtresse.
- 5. Robe de taffetas à raies vertes et roses, grand chapeau en gaze jaune avec rubans violets semblables aux chapeaux de sparterie.
- 6. Mme Elisabeth. Robe à la lévite en satin bleu garni de tuyau de satin, ceinture de taffetas blanc et glands d’argent, chapeau en corbeille, fleurs et plumes.
- 7. Duchesse de Polignac, robe de taffetas saumon à fleurs. Paniers enflés hanches, très plats devant et derrière. Guirlande de ruban froncé, volant de gaze blanche.
- 8. Mme du Barry. Costume de bal à la paysanne en toile framboise, plis creux, corsage ajusté à basques découpées, manche mi-longue, bouillonné resserré.
Extravagance précieuse sous Louis XVI
Robes
Quand, en mai 1774, Louis XVI parvint à la couronne, il signala le commencement de son règne par des actes de bonté, abolit la servitude, réforma sa prop[‘e maison, mit de l’économie dans les finances; ces simples faits eurent une portée immédiate sur les modes d’alors.
LICENCE.
Malgré le bourgeoisisme naissant, la mode de cette fin du XVIII siècle porte nettement l’empreinte de la fermentation des esprits: crainte, laisser aller, licence, etc. Une lutte incessante existe entre le pouvoir royal et les mœurs d’alors. Les modes vont s’exagérant.
Les femmes portent des robes si décolletées, qu’au moindre mouvement les seins sortent hors du corsage.
Les femmes les plus hardies ne craignent pas de les laisser habituellement dehors et échancrent encore leurs robes.
POLONAISE.
La mode était alors à la polonaise; cela consistait en une sorte de robe à jupe fendue, très courte, fort dégagée par devant, ainsi que sur les côtés.
Cette mode fit naît-re celle des caracos, simples vestes ou blouses garnies de falbalas avec des rubans “en platitude”. Ces robes ressemblaient beaucoup aux habits des hommes et avaient des parements, des collets et des revers.
Les femmes portent même dessous un petit gilet; on voit que de nos jours les gilets, qui par périodes font fureur, sont d’une origine déjà ancienne.
ROBES MONTANTES. – En 1790, les dames portent des robes montantes à collets renversés ou décolletés, mais avec les grands mouchoirs sur la gorge. Le luxe devait recevoir Je coup de grâce après le 10 août 1792, quand le château des Tuileries fut pris et le roi transféré à la prison du Temple.
CIRCASSIENNE.
Redingotes et caracos étaient pour la demitoilette, mais pour le costume d’apparat il fallait porter des robes à l’anglaise où à la circassienne, Les robes à l’anglaise étaient autrefois ouvertes sur la poitrine; elles furent au contraire fermées dans toute la longueur du corsage.
Les robes à la circassienne étaient munies d’un petit corsage très bas, échancré sur le devant au-dessus de la taille. Les manches de cette robe, qui avaient commencé par être longues, furent coupées au coude, puis elles se portèrent très courtes avec des épaulettes.
CANEZOU.
Sous Je corsage de la circassienne, se posait un fichu en chemise qui fut longtemps appelé un canezou,
PANIERS.
En 1778, les paniers, sentant leur fin prochaine, acquièrent leur plus grande ampleur; il y en eut de 4 à 5 mètres de tour. C’est vers 1780 que les modes excessives et luxueuses connurent leur première période de réaction.
Bientôt parut un ajustement dit à la Jeanne d’Arc. Cet ajustement consiste en un vêtement à corsage plat ajusté, manches en sabot dites à l’Isabelle, une veste à la péruvienne, une ceinture en bandoulière. Avec ce costume les femmes avaient les seins à peu près nus, la jambe lestement dégagée. On imagina en signe d’allé-
gresse de raccourcir la jupe courte, et de simuler, par un petit coussin, une grossesse; sans doute par sympathie pour celle de la reine. Même mode vers 1917 et appelée “petit trois mois”.
Pour la toilette ordinaire, la femme porte le panier tronqué, la polonaise, le caraco, l’anglaise ou la lévite, et, pour sortir, le mantelet et la pelisse.
En 1785 on considérait encore comme un arrêt que le taffetas devait être l’unique étoffe employée par les dames dans leurs costumes d’été.
HIVER.
Malgré le froid de l’hiver, beaucoup de femmes portaient des robes de mousseline blanche, avec des manteaux fourrés par-dessus.
Voici quelques renseignements puisés dans le Cabinet des Modes:
L’habillement à la Pierrot se compose d’un caraco violet brodé de blanc; le fichu est bleu, noué d’un ruban gros vert.
Les femmes éprises de fantaisie s’habillent à la Turque (en satin nakara gros rouge tirant sur le ponceau), laissent tout le devant du jupon dégagé, bordé d’un ruban blanc, doublé d’un petit satin blanc garni d’une guirlande de fleurs lilas.
SIMPLICITÉ.
La mode des femmes s’ingénie alors à être simple, elle ne fait plus travailler les couturiers et les tailleurs que sur la mode masculine ou les modes anglaises, ces deux patrons de la simplicité d’alors (1780). Ce ne sont que robes simples, chemises, robes à l’anglaise, à la J.-J. Rousseau, analogue aux principes de cet auteur: robes de burat avec une alliance d’ or au cou. Les cheveux s’arrangent en catogan; plus de bonnets, de chapeaux; comme garniture: une guirlande de fleurs. Les redingotes, le gilet coupé, la cravate au col, en guise de mouchoir, telle est à cette heure la tenue du moment, de la journée, où les femmes se présentent en caraco à l’audience des ministres.
Les femmes de cour elles-mêmes doivent céder à ce grand mouvement de simplicité. Elles ne portent plus que des paniers moyens, des garnitures de jupes, des manches posées à plat et ne formant qu’un seul falbala. On voit même – innovation inouïe! – un jupon et un corset qui ne sont pas de la même couleur et paraissent en transparence sous la robe. Marie-Antoinette quitte un peu la cour pour se consacrer davantage à ses enfants et à ses intimes. Elle devient folle de champêtre et c’est alors gue les modes évoluent vers ce que l’on appela les paysanneries et les bergerades de Trianon.
ROSE BERTIN.
Quel contraste avec le début du règne! La reine, qui avait été très simple la première année de son mariage, devint subitement éprise d’élégance et se passionne pour les frivolités. Elle se lie d’une grande affection pour une jeune et audacieuse modiste du nom de Mlle Bertin, qui devait remplir le monde entier de ses exploits, au point que les courtisanes, par crainte ou par moquerie, ne l’appelaient plus que le Misistre des Modes.
Des volumes entiers sur elle et sur Léonard le coiffeur de la reine, furent écrits. Comme plus tard sur Mme Eloffe.
Peu à peu, cette première partie du règne dépasse de beaucoup les fantaisies les plus outrées du règne précédent.
Les paniers ont alors cinq à six mètres de tour, les robes sont unies devant, plissées derrière, et se couvrent de garnitures répandues à profusion: nœuds, guirlandes de fleurs, ruchés, etc.
Champêtre.
Vint l’achèvement des constructions à Trianon.
La mode est tout à la paysannerie, dans ce hameau poétique, caché au sein du grand parc de Versailles. Toutes les jolies femmes de la cour entourant la belle fermière couronnée, s’habillent en paysannes, battent le beurre, traient les vaches et les chèvres, soignent les poules, ramassent les œufs, etc., puis jouent la comédie en plein air.
Vers 1784, quelques mois avant la naissance de son fils Louis-Charles, duc de Normandie, et qui devait être plus tard le malheureux Louis XVII, la reine dirige la mode vers une nouvelle période de simplicité.
NÉGLIGÉ.
Le fin linon, les étoffes légères remplacent les étoffes pompeuses; les lévites, les polonaises, les caracos, les parements dominent, tandis qu’aux jupes de mousseline paraissent de plus en plus les rayures!
La toilette prend un air négligé, de bon ton; c’est alors qu’apparaissent les robes dites en chemise: partout ce ne sont que robes négligeantes, demi-négligeantes, les baigneuses, les déshabillés que l’on porte couleur carmélite.
TONS.
Les tons prennent des appellations précieuses, amusantes: la robe est couleur queue de serin, le linon du corsage est cuisse de nymphe émue; d’autres caracos sont à la dauphin, d’autres robes sont en tissu dont la couleur s’appelle vive bergère, soupir étouffé, gens nouvellement arrivés.
Les manteaux sont vert pomme, ventre de puce, vieille puce, jeune puce, suivant les gammes du ton.
COMITÉ.
Un véritable cénacle de la mode s’est établi rue Saint-Honoré dans les salons de Mlle Bertin. Il rend des, décrets pour: la toilette ordinaire, les femmes ont le choix entre la polonaise, le caraco, l’anglaise ou la lévite. Tous ces vêtements se mettaient avec les paniers tronqués épais et larges d’en haut. Certaines polonaises étaient très ouvertes au corsage, la jupe était courte et relevée de manière à former trois pans. Les manches s’arrêtaient en haut du bras, l’encolure se portait sous le contentement.
La garniture fraisée, décorant le haut, devient plus vaste portée sous la polonaise. A la polonaise d’hiver on ajoutait un coqueluchon.
FRACS.
C’est vers 1778 que les ouvrages contemplatifs de Rousseau parurent; les polonaises s’ appelèrent alors ” à la J.-J. Rousseau”.
C’étaient alors des fracs que les femmes portaient aussi. Ils étaient formés d’un petit corsage et terminés par une longue queue de morue, ressemblant tout à fait à l’habit à queue-de-pie de nos jours.
Le caraco genre matinée de 1900 avait la forme d’une tunique robe tronquée, dont la jupe aurait été coupée un peu au-dessous des hanches.
GARNITURES.
La polonaise, ainsi que le jupon que l’on mettait dessous, demandait des garnitures de gaze, de falbala, et des volants en abondance. Une robe très à la mode, c’est l’anglaise; elle était ornée de manches amusantes appelées: en amadis, Ces robes sont adoptées par la femme élevant ses enfants, en se conformant aux préceptes de J.-J. Rousseau (qui n’en n’eut jamais). Sans doute ce nom fut donné vers 1783, lorsque les Anglais eurent reconnu l’indépendance de l’Amérique.
La lévite était la robe qui tombait comme un peignoir depuis le cou jusqu’à mi-jambe au début. Elle fut longue ensuite du bas et assujettie à la taille par une écharpe posée en ceinture; plus tard on la ouatina,
C’est Marie-Antoinette qui fit cette addition lors d’une de ses grossesses.
Sa couturière (Rose Bertin sans doute) échancra alors le tour de gorge, descendit la collerette et pratiqua des plis sur la taille, en rendit la jupe très longue.
COLORIS.
Un jour de printemps 1775, Marie-Antoinette parut devant le roi avec une robe de taffetas de couleur rembrunie.
– Tiens, s’écria le roi, jovial, mais c’est la couleur des puces! Le mot fit fortune et toute la cour se mit en couleur puce, vieille puce, jeune puce, dos de puce, ventre de puce, etc … Après vint l’engouement pour le chamois qui était la couleur adoptée pour la livrée des gens du prince de Condé.
Puis ” Monsieur ” (le futur Louis XVIII), ayant trouvé qu’une certaine étoffe couleur gris cendré ressemblait beaucoup aux, cheveux de la reine, des cheveux de celle-ci furent envoyés immédiatement aux manufactures des Gobelins et- de Lyon pour
que l’on imitât tout à fait la nuance exacte. On eut alors des tissus ” cheveux de la reine ” .
En 1782, ce fut la mode du blanc. Elle régnait depuis plusieurs années à Bordeaux d’où. l’avaient apportée les créoles de nos colonies; la reine voulut alors s’habiller à la Bordelaise et bientôt les boulevards, pareils à une prairie de marguerites, furent couverts de robes blanches.
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